Il ne reste plus que deux mois avant l’hiver, et l’Etat-major hésite entre lancer l’Empire dans un ultime assaut, ou attendre patiemment jusqu’au printemps. Le temps s’écoule sans qu’il ne soit capable de prendre une décision. Alors que l’armée est paralysée par l’indécision, Tanya von Degurechaff et ses hommes sont envoyés vers la mer, pour une mission qui décidera de la marche à suivre. Alors qu’elle affronte un ennemi si sûre de son avantage numérique qu’il ne lui laisse même pas le temps de dormir, Tanya pourra-t-elle tenir bon ?

C’est parti pour le tome 5 de Tanya the Evil, et ce volume est particulièrement prodigieux, en continuant parfaitement sur les bases posées par le tome précédent.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappel habituel des forces en présence dans ce volume :

La République : La France

L’Empire : L’Allemagne.

Commonwealth : Le Royaume-Uni

Unified Nation : Les Etats-Unis

La Federation : L’Union Soviétique.

 

Comme d’habitude, les reviews de Tanya the Evil sont courtes. Les tomes sont des enchaînements de batailles et de réunions stratégiques, qui bien que passionnantes à la lecture, ne donne pas tant d’analyse à en faire :p

La peine du deuil

Carlos Zen nous préparait à cela. Il nous présentait depuis quelque temps une Tanya qui ne voyait plus ses hommes comme de vulgaires consommables, mais comme des membres de sa famille. Un capital humain dans lequel elle a investi, et sur lequel elle se repose. Visha est indispensable à sa santé mentale, Weiss à soulager sa charge de travail, et Grantz est comme le fils que l’on voit grandir à chaque nouvelle bataille.

La même chose est valable pour l’ensemble de la compagnie 203. Les 48 membres qui la composent partagent à ses yeux des liens plus fort que le sang. Tanya a perdu sa vision rationnelle poussée à l’extrême, au moins en ce qui concerne les rapports humains avec son unité.

Bon après c’est pas de bol, elle est trop petite pour accéder au club des officiers alors qu’elle en paye la cotisation

De l’autre côté, nous avons Mary Sue. La fille d’un soldat tué par Tanya, en quête de vengeance. Toujours plus. Dans un premier temps, Tanya ne comprend pas la folie de cette illustre inconnue à vouloir la buter, sa résistance, sa folie dans la vengeance. Et après l’avoir croisé à deux reprises, Tanya lui donne de plus en plus de raison de se venger.

« Pas de sentiments personnels pendant une guerre ». Ce sont les mots de Tanya. Froide. Calculatrice.

Cependant… Elle n’est pas parfaite. Elle peut perdre elle aussi des batailles. Ce fut le cas dans ce volume.
Et sa réaction montre à quel point elle a changé depuis le premier tome.

Quatre de ses soldats meurent. Et il suffit de voir l’image de la couverture que j’ai mis en haut de l’article pour comprendre que la réaction de Tanya est terrible.

Elle est d’abord déprimée par la mort de ses camarades. Sa famille, là pour le déjeuner, et absent pour le dîner. Devoir écrire des lettres à leurs proches, collecter leurs effets personnels, les enterrer avec honneur à même le champ de bataille.

On peut penser ce que l’on veut de Tanya. Cependant, c’est la première fois depuis le début de la série qu’elle est furieuse.

« Elle a tué mon père, ma famille ! » Son regard fou, Mary Sue est l’équivalent de Tanya, le choc est inévitable.

Contre elle-même, pour n’avoir pas su donner les ordres adéquats. Pour avoir été trop confiante, un échec qui a couté très cher.

Contre l’ennemi, pour avoir attenté à la vie de ses hommes. Alors que quelques minutes plus tôt, elle faisait une leçon de morale à Mary Sue… Quand ses propres sentiments prennent le dessus, Tanya von Degurechaff devient un monstre au sens propre du terme.

 

Globalement, l’évolution du personnage est assez magistralement mené par l’auteur. Tanya pense toujours de manière rationnelle la plupart du temps, et petit à petit Carlos Zen lui insère ces faiblesses qui la rendent plus humaine.

Et il parvient à faire ça alors que son personnage est une commandante passant la plupart de sa vie sur les charniers des champs de batailles. Le regard qu’elle a sur l’illustration du volume 5, son expression, parle plus que mille mots.

L’ensemble du volume est une galère pour Tanya. Quasi tout ce qu’elle entreprend se solde par un échec.

Le duel avec Mary Sue est lancé. Deux jeunes femmes (ouais, on va dire ça pour Tanya, elle perd de plus en plus souvent la notion de sa vie passée de toute façon), prêtes à tout pour survivre à la guerre, pour protéger leurs camarades, et à abattre l’ennemi juré.

Tanya, menée par la colère et la raison. Froide, calculatrice, sans pitié.

Mary Sue, menée par la colère et la passion. Intenable, frénétique, violente.

Deux opposées que tout rassemble.

 

L’ennemi de mon ennemi…

Par ailleurs, Tanya, par ses sentiments, arrive à en faire des erreurs de jugement grave dans ce tome. C’est assez marrant de voir le personnage devenir de plus en plus faible, tome après tome, au fur et à mesure qu’elle laisse son jugement être occulté par ses opinions.

Tanya est libérale.

Le communisme, c’est pas bien. Tanya est tellement sure de la doctrine rouge qu’elle élabore des stratégies relativement complexe, que le pouvoir central s’empresse de mettre en oeuvre pour les contenir.

C’est sans compter le fait qu’ils n’affrontent pas que des communistes. Carlos Zen excelle dans les détails de la sorte, de passer la moitié des volumes dans les bureaux d’Etat-major ennemis pour qu’on comprenne aussi les difficultés qui sont les leurs.

La fédération n’est pas qu’un bloc uni. Elle est constituée de multiples ethnies soumises au pouvoir central de peur de se faire péter la gueule.

L’Empire mène une guerre pour détruire la doctrine, pour enchîiner les victoires et montrer que leur idéologie est bidon, caca, pas bien, beurk.

Cependant, lorsque l’on affronte des nationalistes qui se soumettent que par peur, voir un envahisseur encore plus vilain débarquer ne donne pas envie de les laisser gagner. L’Empire créé son propre ennemi en stimulant leur envie de défendre leurs terres face à un mal encore plus grand.

« En fait, euh… En attaquant la fédération, on crée des nationalistes qui viennent nous affronter… C’est un cycle sans fin »

C’est un retournement particulièrement habile de la part de l’auteur, car l’Empire va devoir changer toute sa doctrine de combat, et ce que cela entraîne. Ne plus gagner avec les armes, mais avec les mots, changer le déploiement des troupes, retravailler les lignes d’approvisionnements, sans compter toutes les difficultés.

L’Empire est sur les rotules, le rationnement de la population est en place, les soldats sont jetés sur le champ de bataille avec une formation accélérée inutile, les fortes têtes se pensent meilleur que les autres…
Bref, un immense bordel. Une simple erreur de jugement qui peut retourner une machine bien huilée. Et bordel, qu’est-ce que j’adore lire ces débats sur des dizaines de pages lorsqu’ils rentrent dans les moindres détails, hypothèses, et stratégies.

Qu’est-ce que c’est bon.
Qu’est-ce qu’il est bon, ce Zettour. Je n’ai pas beaucoup parlé de lui au fil des reviews, mais le vieux général est clairement mon personnage favori de Tanya the Evil. Malgré son expérience, il ne se laisse pas enliser dans ses certitudes, et s’intéresse à toutes les nouveautés que Tanya peut apporter, et sait envisager avec un oeil novateur le déroulement probable de la guerre.

L’incarnation même de l’astuce et de l’audace, qui ne se laisse pas démonter même quand les situations semblent perdues…
Même quand l’hiver arrive.

Ce vieux est fabuleux.

 

Bref, ce tome 5 de Youjo Senki est excellent, à mes yeux le meilleur depuis le début de la série. J’ai encore plus pris mon pied que pendant les batailles de Norden. Carlos Zen continue de construire l’ensemble des camps, des relations politiques et des charniers qui attendent ses protagonistes, et l’arrivée de l’hiver est plutôt exaltant 😮